lundi 24 mars 2014

Comment c'est une hivernale? Une chose est sûre, c'est pas l'été!

Comme je l'avais écris dans l'article précédent, une équation intéressante se profilait avec le Jé, eh ben on peut vous dévoiler l'inconnue: la Couzy-Desmaison dans la face NW de l'Olan! E=mc2 euh non c'est pas ça, ça c'est pour les gens qui ont un cerveau, nous c'est plus basique: face nord + hiver = glagla + gros sac + en chier + mais que du bohneur d'arriver en haut!!!
Donc, nous voilà parti un joli mardi 18 mars pour remonter cette petite vallée de Font Turba, d'une bonne dizaine de km avec des sacs typiquement Caucasiens, tout le barda, les skis,... et en plus au début, y a pas de neige donc on porte, ça tombe bien, on adore ça! Musique dans les oreilles de rigueur ;-) svinkels ou dub inc? faut choisir!
Au début, on voit pas l'Olan et on se dit que ça va gérer, ouais on va sortir à la journée au sommet, blablabla... et curieusement, une fois passé le premier virage de la vallée, un petit "gloups" et un serrement à l'estomac, c'est le moment du petit pipi de la peur! (Je parle pour moi, car c'est pas ça qui va faire peur à Jé la machine;-)
Enfin, après 3 bonnes heures de portage on arrive au petit refuge d'hiver de Font Turba à 2200m, bien confort avec un poêle qui brule pas mais qui enfûme bien "kof kof kof, dis Jé, tu veux pas lâcher l'affaire avec ce truc?"
On a le temps de bien mâter la face, "tiens ça à l'air long la partie en glace! on a combien de broches déjà? 4! ah yes, bien ça!-) On commence à se poser des questions pour le socle, put... y a quand même de la neige, moi je passerai bien à droite du 2ièm névé sous le petit triangle rougeâtre à côté du névé en croissant... ouais ouais, c'est comme les fameux dièdres caractéristiques du Labande, en gros on laisse tomber, on verra une fois qu'on sera la tête dedans ;-)
Mercredi 3h15, réveil, petit dèj, "tu veux pas des biscuits petit dèj Jé? :-) On décide de laisser les skis et de partir direct en grosses pour éviter de faire un changement de chaussures désagréable à la rimaye d'autant que ça porte....PAS! Ah merde, casse les coui....! oups je commence déjà à râler, pas bien!
Rimaye (2550m), 6h, allé, reste plus que 1000m, une paille! Pour me réveiller, une belle rimaye déversante me souhaite la bienvenue, mais elle a été moins traitresse qu'une autre et ne m'a pas proposé le gîte et le couvert (Jé comprendra!) La glace est correcte, ça grimpe bien. Malgré nos gros sacs, surtout Jé avec la patate, on avance pas trop mal et vers 8h30 nous sommes au pied du socle vers 2850m. Et là... le bal commence vraiment! Du bon terrain mixte nous attend, très peu protégeable, avec des bons coup de cul par moment! Après 3 mois de ski, autant dire que je ne suis pas à l'aise devant et que je me mets un sur-taquet comme je les aime dans une trav foireuse avec en plus Jé qui a dû partir en corde tendu, chute rédibitoire!
Ce socle n'en fini pas et lorsqu'on en sort enfin, il est déjà tard et je suis lessivé! Du coup Jé prend les choses en main et grimpe deux grandes longueurs, franchement pas faciles, dans un terrain bien paumatoire. On hisse la patate, mais c'est souvent la galère car elle se coince dans des petits toits et dièdres. En second, j'en chie comme un âne avec le sac, le manque de grimpe cet hiver se traduit direct: biiim tarif dans les bras!
La nuit arrive très vite, je fini à la frontale pour rejoindre le Jé, on sait pas trop où on en est et on décide de se poser tant bien que mal sur un micro névé bien raide qu'on taille pour poser nos fesses après avoir installé une petite ligne de vie. Le vide est déjà bien présent et l'air est vivifiant! A minuit, après avoir fait fondre de la neige et mangé nos trop bons lyoph, on essaie de s'endormir, mais pas si facile quand tu es longé à la ligne de vie et que des petites coulées de neige te glissent gentiment dans le cou!
Jeudi, 6h30, debout, une grande journée nous attend.... On arrive un peu à se repérer, on est encore loin des longueurs d'artif, y a du boulot! Jé repars pour une grande longueur de V+ des familles, qui me remet tarif d'entrée de jeu avec le sac et en prime une belle onglée: à l'ombre le matin à 3000m, fait pas chaud! Heureusement, Jé est comme chez lui et s'offre même un joli fourvoyage dans un dièdre abo et lorsqu'il a dit "je crois que je me suis planté", vous pouvez pas savoir comme j'ai été soulagé de ne pas devoir me taper aussi ce dièdre pourri avec le sac!
Je reprends la main pour laisser la machine se reposer un peu et commence par faire une traversée un peu galère car y a de la neige, et en chausson, quelle merde! J'arrive sous les longueurs d'artif, quelle ambiance, on est depuis le début plein gaz et là, ça déverse pour de vrai!
Je me colle les deux premières, totalement majeur, certains pitons font peur, mais ça passe avec quelques cablés et friends en plus. Relais pendu avec 600m sous les fesses, autant vous dire que les relais sur 5 points sont vite fais, pas de petite flegme!
Jé sort sur la partie "moins raide", il est déjà tard, je le rejoins et là on comprend qu'on va devoir bartasser toute la nuit car notre créneau météo est cours et que vendredi donc le lendemain, la météo change pour de vrai! Cette partie, pas très dure en été quand c'est sec devient vraiment galère avec de la neige de partout, et encore une fois, la nuit nous attrape toujours trop vite, le froid redevient mordant. Je me rends compte en passant des chaussons aux grosses que je ne sens plus mes orteils, c'est vraiment vicieux les gelures! Vers minuit, nous sommes au pied d'une autre longueur d'artif, bien déversante avec du rocher délicat. Je vais me mettre un combat dedans, il est 1h du mat, je suis pendu sur un mauvais câblé dans cette face nord, c'est bizarre quand on y pense, mais très vite, le cerveau passe en mode automatique, on ne pense plus à rien d'autre que d'avancer! On ne regarde même plus l'heure, faut sortir quoi qu'il arrive! On grimpe avec les grosses doudounes, et garanti, on ne transpire pas! Au dessus, encore une longueur en V+ de l'espace nous attends, on n'a pas bu ni mangé depuis des heures, tout à gelé, ça y est, on voulait la bagarre, eh ben on l'a!
Jé m'a impressionné par sa maîtrise et son mental dans cette longueur, car sans déconner, elle était mutante. En second, j'ai tout donné aussi, j'étais à l'agonie dans des renfougnes abo et en plus fallait décoincer la patate qui se bloquait tout le temps, bref, au relais, il est 4h, et on n'est pas encore sorti!
Je repars dans une vieille trav avec de la neige, ça commence à devenir dur, je me caille, je suis un peu dans la lune, bref, j'en peux plus! Je parviens à contourner un mur à la con et enfin, on en voit le bout! Encore quelques gradins pas trop durs et instant magique, la récompense, le lever de soleil nous accueille au sommet, il est pile 6h30, ça fait 24h qu'on mûle!
La descente par l'arête nord n'est pas des plus facile non plus, du coup, la météo est encore correcte, on décide de se mettre dans les duvets 2h pour se refaire un peu, car descendre dans cet état là, c'est vraiment risquer la correctionnelle!
Pour la descente, on est en mode ralenti, on fait tout doucement pour pas se la coller et de toute façon, on ne pourrait pas aller plus vite car tout nous essouffle, on doit avoir 8 de tension, on n'a toujours pas bu ni mangé, ça devient limite. Lorsque nous parvenons enfin sur le glacier des selettes, il faut absolument que nous nous refassions, du coup pause et faire fondre de la neige pour boire, c'est crucial! Cette pause d'une bonne heure nous a fait un bien fou et on peu repartir passer la brèche de l'olan et redescendre enfin sur le refuge, on y arrive à 17h30! On ne traîne pas trop, on remet les skis et c'est parti pour la descente interminable, la dernière heure de portage pour rejoindre la voiture est abo, je n'ai jamais été aussi éclaté qu'à ce moment là!
Une sacrée expérience, riche d'enseignements, aventure magnifique qui donne envie de remettre ça (plus afuté pour ma part!-)
 Merci à toi Jé de m'avoir motivé et d'avoir supporté mon râlage (contre moi même, je précise ;-) bien heureux d'avoir fait cette course avec toi!

Olan (3564m) - Face NW, voie Couzy-Desmaison (ED-, A1, 6a, V, 1000m) les 18, 19, 20 et 21/03/2014 avec Jé
C'est parti pour la bartasse!  (Jé la patate;-)



La bête nous attend (de pied ferme!-)

Dans le mixte du socle

Premier bivouac, pas une suite présidentielle!

1ere longueur d'artif, ambiance majeure

2ième longueur d'artif, toujours dément!

ça penche, non?

Sommet! Explosés, mais heureux comme des fous!

on sait pourquoi on est là!



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