Après une semaine un peu dure, à se débattre avec l'URSSAF, à chercher du boulot, et avec l'ENSA (mais ça c'est une autre histoire...), l'envie d'aller se mettre un peu taquet histoire de vider un peu la pression et de se concentrer uniquement sur les gestes à faire s'est faite sentir. Du coup, il existe un objectif de choix à côté de la maison: la grande lance de domène qui présente deux faces soutenues à descendre: la Nord-Est et la Ouest. Donc, c'est parti, direction le col des lances, de là j'aviserai pour choisir laquelle je tente. Encore une fois cette année je me tape la forêt au dessus de Freydière et encore une fois je me jure que c'est la dernière fois de la saison que je la remonte, la neige était béton, pleine de traces regelées et sans couteau, autant dire que j'ai râlé tout seul un bon moment dans cette montée! La pente au dessus du lac du Crozet n'est pas mieux, infernale à remonter, toute trafolée et regelée! Après ça va mieux et vers 10h, me voilà au col des lances. La face Ouest est pas trop mal, mais le verrou rocheux en bas semble chiant à passer, et surtout, ça a beaucoup chauffé la veille, du coup j'ai peur que je ne trouve qu'une neige croûtée, vitifiée, bref, infâme quoi! Donc, je choisi l'option NE, à cette période, elle ne prend pas le soleil de la journée et la neige devrait être bonne. Verdict: impeccable, elle est poudreuse, mais pour remonter la face, c'est plutôt chantier. Le premier couloir se remonte bien, il est super bien rempli, il se raidit progressivement. Puis arrive un passage délicat, une traversée au dessus d'une grande barre pour prendre la dernière pente suspendue. Elle est bien chargée, mais depuis le début du cône en bas du couloir, j'ai checké le manteau, et jusque là c'était bien homogène, tout en grains fins, il n'y a pas eu de vent ces temps-ci, ça n'a pas neigé depuis un moment, bon c'est plutôt correct pour les indicateurs, même si encore une fois, on ne pourra jamais être sûr à 100% que l'on ne se trompe pas où qu'une petite couche fragile traîne ici ou là! Donc, petit manuel de l'ENSA dans la tête, je revérifie le manteau avant de m'engager dans la trav, bon ben c'est pas mal, que du grain fin, pas de couche pourrie discernable, aller feu je m'y jette. Mais ça fait un peu peur quand même, ça fait une espèce d'accumulation en forme d'arête au milieu de cette pente suspendue, gloups, si ça part, y aura plus de problème avec l'ENSA, ni avec l'URSSAF! C'est encore une fois que le facteur humain est délicat à gérer, car mentalement je suis dans une période où j'ai envie d'envoyer, d'engager, peut-être pour me regonfler. Bon je n'y vais pas tête baissée comme un débile, je prend toutes les infos du terrain, elles sont correctes, mais peut-être que je n'aurai pas fait cette trav dans un autre contexte et/ou un état d'esprit différent. Enfin, ça passe, tout doucement je progresse et suis attentif au moindre signe et bruit de rupture, je vérifie tout le temps si j'ai toujours le même manteau neigeux sous les pieds. Ensuite c'est tout droit jusqu'à un petit verrou rocheux juste sous le sommet, mais 10m sous ce verroux, la neige change, et sous les 20 premiers cm de neige, je retrouve du gobelet! Et merde, c'est pas bon ça, je me rapproche un peu des cailloux en me disant que si jamais y a tout qui pète j'arriverais peut-être à m'aggriper (c'est ce qu'on appelle une illusion, comme quand on met un point et qu'on sait très bien qu'il pétera s'il y a un courant d'air, mais mentalement, ça fait quand même du bien!) Bon décision, je suis 80m sous le sommet, ça vaut quand même pas le coup de faire le grand saut (au sens propre comme au figuré) pour 4 virages de plus! Du coup, petit exercice de chaussage dans une pente raide et là, ouah ça fait du bien, la petite adrénaline au moment de déclencher chaque virage, le vide en dessous, la vue magnifique, je suis seul, y a plus rien qui me fait chier, bref ça fait du bien d'avoir l'esprit concentré sur finalement quelque chose de basique: appuis, épaules, bras... Une fois la traversée refaite en sens inverse, c'est plus détente, beau couloir gavé de poudre, puis magnifique pente hyper large, en poudre tassée, à 35°... impec!
Bon le truc moins marrant c'est qu'il faut se taper la remontée au col des lances, puis au col du loup, mais le plaisir de cette descente vallait le coup! D'habitude je ne suis pas fan de faire des courses seul, mais de temps en temps, ça permet de se "retrouver" et c'est surement idiot, mais de reprendre un peu confiance.
En tout cas, c'est une belle face, c'est une chance d'avoir ces montagnes à côté de la maison!
Grande Lance de Domene-Face NE (5.3, E3, 300m) le 04/03/2013
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