Pour finir ces trois semaines dans les
Alpes, il fallait fêter ça dignement ! Et donc, quoi de mieux
que de retourner dans les Ecrins avec un super copain avec lequel on
s'est mis nos plus belles courses en montagne, avec notamment cette
hivernale mémorable en face nord de l'Olan un certain mois de mars
2014...
Le projet ce coup ci est à nouveau un
peu sérieux tout de même : la muraille NO de l'Ailefroide
Occidentale par la voie Devies-Gervasutti, itinéraire pur et logique
droit dans la face, quel audace des types à l'époque !!!
Nous avons quelques années de plus
mais nous ne sommes pas forcément devenus plus sages ! Départ
à l'arrache le samedi aprem de Grenoble, les bouchons, pas trop de
stratégie ni d'info sur les conditions à part un avis pas très
rassurant de la gardienne de Temple Ecrins qui nous dit que le haut
de la face semble bien verglacé/mouillé...
Et quand on lit le topo, « cheminée
glacée, cascade de glace ou d'eau,... » hum hum, dans quoi on
va se mettre?!
A la Bérarde, on voit effectivement le
haut de la face légèrement blanchi, mais nous sommes encore loin,
on y croit.
Vu que Temple Ecrins est complet, et
bien on va se faire un départ à l'ancienne, du bas !
La stratégie commence à s'élaborer :
on débute par prendre une bière à la Bérarde ! Puis on fait
les sacs en essayant d'optimiser mais en prenant tout de même les
duvets et un réchaud (et oui, l’expérience y est pour qqch quand
même...)
Et puis vers 20h on se dit que quand
même ça serait pas mal de s'avancer au moins jusqu'au Carrelet
histoire de pas se cogner ces 3km de plat avant d'attaquer le déniv.
On se posera à l'arrache dans l'herbe en attendant 1h30. Et bonne
idée, on a même le temps d'emprunter une paire de jumelles au
refuge du Carrelet et d'observer la face avant la nuit. Bon y a quand
même un peu de neige sur les vires et ça semble mouillé mais...le
feeling est bon, allez savoir !
Départ 1h30, on sait qu'on est parti
pour une longue journée ! D'autant plus que c'est dimanche
matin et qu'il faut que je sois à Oloron mardi matin au
boulot...Quand on est joueur...
L'approche se passe bien, même si
c'est toujours pénible la traversée sous le col de la Temple pour
rejoindre le glacier de Coste Rouge. 4H15, nous voilà au bord du
glacier, il fait encore bien noir mais on sent bien la présence des
1000m de la face...
Petit musli et thé chaud pour se
mettre en forme et à 5h on commence à remonter le glacier. La
rimaye passe top et à l'aube, nous sommes prêts à grimper. La
forme et la motive sont là, le timing est bon, il est 6h.
Le début nous donne un peu de fil à
retordre, une dalle sur 100m peu protégeable en 4+ et mouillée, à
négocier en grosses, corde tendue,...concentration !
Mais on retrouve vite nos automatismes,
on se connaît et on se fait confiance à 100% et c'est génial !
Ça roule vraiment bien et on avance plus vite que ce que nous
pensions.
Lorsqu'on sort au sommet de la tour
rouge, on sait sans se le dire que la sortie désormais, c'est par le
haut ! Ça faisait longtemps que nous n'avions pas ressenti cet
engagement, typique des grandes faces de l'oisans : pas de
radio, téléphone inutile, personne dans la montagne, pas d'hélico
qui te tourne autour,...et ça fait du bien de se sortir les
doigts !
Les dalles grises passent bien, mais on
est content d'y être avant que le soleil effleure le haut de la
face...
La suite est plus délicate, le rocher
est parfois vraiment mauvais, heureusement il y a pas mal de glace
qui tient un peu l'ensemble...
Les dernières longueurs sont encore
bien teigneuses, du bon V+ à l'ancienne avec de la glace et ça
caille !
Mais à 18h nous sommes au sommet,
heureux, ça a super bien déroulé, c'est cool on s'entend toujours
vraiment bien encordés ensemble !
Cependant, on ne s’éternise pas trop
car le descente n'est pas débonnaire, loin de là et c'est ce qui
fait le charme de cette montagne !
Il faut commencer par suivre l'arête
sommitale vers la centrale puis désescalader sur 150m un couloir
raide où il ne faut pas tomber puis rappels et enfin on arrive sur
le glacier versant S à 20h30.
Ça sent bon, je connais là suite,
c'est gagné pour être à Ailefroide à 23h/00h...oui mais...je me
suis magistralement planté lors de la descente de l'orientale en
partant à gauche trop haut ! Et là, il nous a fallu 3h pour
retrouver le bon cheminement dans des vires pour retrouver le chemin
au dessus du Sélé...
A 0h30, on commence quand même à être
un peu cuit et on prend la décision de jeter les duvets pour se
poser jusque 4h30 avant d'entamer la descente sur Ailefroide.
Au final, nous arriverons à Ailefroide
à 7h30 pas frais mais pas pires non plus !
Ultime mission : rentrer à la
Bérarde en stop...depuis Ailefroide ça peut paraître un peu
ambitieux !
Mais en 4h pile, et quelques 6 ou 7
changements de voiture, nous retrouvons le parking de départ à
midi ! Génial, je vais même pouvoir éviter d'arriver à 5h du
mat à Oloron...
Au final, une belle et grande course,
bien content d'avoir pu la partager avec le Jé, en espérant pouvoir
se remettre des beaux chantiers bientôt !
Le retour à Oloron fut comme d'hab
après plus de 36h sans sommeil, long, avec en plus 38°C dans la
vallée du Rhône ! Paie ton contraste en 24h : face nord à
4000 et 38°C plein cagnard...
Ailefroide Occidentale (3954m) –
Devies-Gervasutti (ED-, 1000m) le 29 et 30/07/2018 avec Jé
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